Qui sont les individus violents

La violence est avant tout un problème social. La société continue à attendre des hommes qu’ils occupent un rôle dominant et s’ils se sentent incompétents ou impuissants, ils peuvent chercher à compenser cette faiblesse qu’ils sentent en eux par des comportements tyranniques, manipulateurs et violents en privé.

Le déni est pour eux un moyen d’échapper à la honte et à la culpabilité. Tous les individus violents ont tendance à minimiser leurs gestes, à trouver des causes externes.  Ils ont souvent peur de l’abandon, ainsi toute situation évoquant une séparation suscite chez eux des sentiments de peur, de colère, de jalousie, d’irritabilité, etc.  Beaucoup d’eux recherchent la relation fusionnelle, mais trop de proximité les envahissent, et trop de distance réactive leur peur de l’abandon.  Pour se sentir bien, il faut qu’ils puissent contrôler à quelle distance d’eux leur compagne doit se tenir. 

Afin de ne pas stigmatiser un profil de personnalité, il serait mieux de s’attarder aux types d’agressions et aux caractéristiques psychologiques qu’aux types de personnalité.

Le narcissisme pathologique est un grand pourvoyeur de violence.  Il empiète sur le territoire psychologique de l’autre, utilise les faiblesses ou les vulnérabilités afin de mieux se rehausser.  Les personnalités narcissiques ont besoin d’être admirées, ils sont intolérants à la critique, dépourvus d’empathie, indifférents aux autres, moralisateurs et capables d’exploiter autrui.  Dans le couple, les hommes sont séduisants, charmeurs, dominants, cherchent à soumettre et à isoler leur compagne.

Incapables de se conformer aux normes sociales, ils ont souvent des ennuis avec la justice.  Ils sont comme des narcissiques plus agressifs, capable de mentir, de tromper, de tricher, de manipuler sans regrets et honte.  Ils sont du mal à assumer leurs responsabilités ou d’honorer leurs obligations financières.  Ils sont irresponsables, se vantent d’écraser les autres, d’être les plus forts et sont capables de violence au sein de leur couple.  Leur violence se caractérise comme plus impulsive, à la recherche d’une satisfaction immédiate de leurs besoins et désirs.  Ils cherchent donc par la force à obtenir ce qu’ils désirent.  Ils ne tirent aucun enseignement de leurs erreurs passées et n’éprouvent aucun remords.  La relation à l’autre est instrumentalisée, si l’autre ne sert plus à rien, il peut s’en départir comme un objet.  Leur violence peut conduire à un homicide.

Leurs réactions émotionnelles sont intenses et instables, avec des sautes d’humeur imprévisibles et une grande impulsivité pouvant entraîner des comportements agressifs.  Leurs relations avec les autres sont potentiellement conflictuelles.  De façon générale, ces personnes résistent mal aux frustrations, qui déclenchent chez eux des rages ou des colères intenses ou inappropriées. Pour normaliser leurs tensions émotionnelles, ils ont recours à l’alcool ou à la drogue ou ont des comportements suicidaires ou des gestes de mutilation. Ils sont extrêmes dans leurs perceptions des autres ou d’eux-mêmes : s’ils ne sont pas tout, ils ne sont rien.

Ils ont un très bon contrôle émotionnel et leur violence n’est pas impulsive.  Leur violence n’est pas cyclique, mais permanente.  Ils sont aussi beaucoup manipulateurs, très adaptés socialement, ils aiment le pouvoir et parviennent facilement à des postes importants.  Ils aiment faire la morale pour servir leurs intérêts.  Pour maintenir leur toute-puissance, ils doivent mentir et manipuler en permanence.  Ils savent très bien s’exprimer et adopter un discours convaincant. Lors d’une séparation, le pervers narcissique se pose en victime abandonnée, ce qui lui donne un avantage et lui permet de séduire un partenaire consolateur.

Les obsessionnels sont perfectionnistes.  Sur le plan personnel, ils sont exigeants, dominateurs, égoïstes et avares.  Craignant que leur partenaire dérange leur ordre ou exécute mal une tâche, ils vérifient tout, critiquent tout car ils pensent que leur façon de faire est la meilleure.  Ils ont besoin de contrôler, d’argumenter, de freiner toute initiative qui ne vient pas d’eux.  Peu démonstratif de nature, les obsessionnels peuvent ressasser une haine ou une vengeance, puis se déchainer dans une violence non contrôlée.

Un paranoïaque n’accepte pas que son autorité soit remise en question, cela risque de déclencher de la violence.  Il suspecte des significations cachées ou menaçantes dans les commentaires.  Se méfiant de tout le monde, il s’attend à être exploité ou trompé.  Il soupçonne sa partenaire de dissimuler des choses, d’être infidèle. Il n’a aucune confiance dans sa partenaire, tout est vérifié en permanence : l’argent, le temps, et même les pensées.  Leur rage et leur jalousie peuvent conduire à un homicide.

Référence : HIRIGOYEN, Marie-France. « Femmes sous emprise, les ressorts de la violence dans le couple », Oh! Éditions, 2006.